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Macron sera-t-il emporté par la foule ?

Réflexions d'après la Psychologie des foules au miroir de la Macronie, par Catherine Rouvier.



La foule, un beau mot, presqu’une onomatopée qui, à mi-chemin entre la folie et le fouloir, évoque la presse qui nous pousse tous dans le même sens.

La foule, qui gronde partout en France, revient en force dans le discours politique.

Emmanuel Macron l'a dit dès le début de son interview JT de 13h le mardi 22 mars : « la foule n'a pas la légitimité face au peuple qui s’exprime à travers les élus » .

Les élus émanent du peuple, le peuple c’est le démos, la démocratie c’est le peuple qui gouverne. La foule c’est l’ochlos, l’ochlocratie étant le gouvernement de la foule - de la rue, dit-on volontiers-, donc le gouvernement de personne, l’anarchie au sens originel du terme.

Mais derrière ce « nobody » se cache en général un meneur qui, en galvanisant la foule, pourra devenir le prochain dirigeant, utilisant ainsi la foule pour son utilité la plus tangible en politique : faire la révolution.

Alain Bauer, au micro de Sonia Mabrouk, le lendemain de l’interview d’Emmanuel Macron a dit que le problème posé par la foule n’était pas nouveau et que déjà Gustave Le Bon le décrivait déjà en 1895 ….

En effet, et Psychologie des foules, paru en 1895 connut un immense succès tout comme un autre petit livre court et bien senti, Le Prince de Machiavel, il fut lu avec intérêt par les hommes de pouvoir : Lénine, Mussolini, Hitler, De Gaulle en l’espèce...

Le Bon a trouvé le chainon manquant de la réflexion classique sur les relations entre gouvernés et gouvernants.

La soumission volontaire des gouvernés avait été dénoncée par La Boétie,

Mais le mécanisme de cette soumission n’avait pas été décrit.

Le Bon est médecin, il veut savoir. Il est ami de Charcot, ce grand professeur qui soigne l’hystérie à l’hôpital de la Salpêtrière par l’hypnose. Il assiste aux séances, et a l’intuition d’une analogie entre les « modifications des états de conscience » provoquées par l’hypnose et celles qu’on peut constater chez ceux qui se trouvent dans une foule agissante..

La théorie lebonnienne de la foule, qui sera appliquée par l’auteur a l’éducation, la guerre, le socialisme, les lois de l’évolution des peuples, la civilisation arabe etc …dans pas moins d’une quarantaine d’ouvrages, est complexe mais peut être résumée en quatre axiomes principaux qui nous permettront de cerner la notion de foule. Puis nous nous nous intéresserons à l’homme politique qu’est Emmanuel Macron pour émettre un avis sur le résultat prévisible de leur confrontation



Qu’est-ce qu’une foule ?


Le premier théorème « Chaque individu plonge dans la foule voit ses états de conscience modifiés .»


Ce qui choquerait l'individu dans son état normal ne choque plus l’homme plongé dans une foule.

Lui qui ne peut pas voir égorger un lapin sans défaillir, le voilà tout heureux d'une tête d'homme décapitée hissée au bout d'une pique et promenée dans la rue Il imite le voisin sans réflexion, il hurle avec les loups, il jette des pierres sur les flics comme les autres, il met le feu au mobilier urbain comme les autres …et ce jusqu'à l'hystérie la plus totale.

Il perd tout sens critique, toute distance, tout recul, parce que son « moi » se dilue dans un « moi commun »

C’est cette fusion des individualités qui fait que la foule forme un seul être, agissant du même mouvement.


Le second théorème est en effet « la foule forme un seul être , momentané mais réel .»


Mais comment ? Par quel miracle l’émotion, passe-t-elle ainsi aussi rapidement d’un individu à l’autre au sein de la foule ?

A la fin du XIXème siècle on savait que les modifications des états de conscience étaient au cœur du processus mais aussi - le terme de névrose employé par Freud le laisse a penser- que les nerfs étaient considérés comme le lieu de ces mutations.

On ne disposait pas des découvertes des « neurosciences » qui sont venues depuis les années 1980 préciser le processus

Les modifications apportées au psychisme de l’homme en foule s’apparentent à l’alerte neuronale

L’individu seul chez lui qui entend tout à coup la poignée de la porte de sa

chambre tourner doucement sait qu’un cambrioleur tente d’entrer. Toutes ses facultés vont alors être tendues vers un seul point : cette menace. C’est ce qu’on appelle « l’alerte neuronale »

Ainsi en va-t-il pour les êtres plonges dans une foule agissante : chacun d’eux est centré sur le fait ou la parole qui a provoqué cette émotion intense. Tous ressentent la même chose au même moment Or dans le cas de l’alerte neuronale on est face à un "circuit court " qui va de la colonne vertébrale ( la moelle épinière ) jusqu'au cerveau limbique ( siège des émotions ) situé à la base arrière de la tête, sans passer par la cerveau rationnel ( néo cortex situé sous le lobe frontal) qui n'est donc même pas averti de ce qui se passe .

Il n’y a plus de pilote dans l’avion

Dès lors les hypothèses posées à la fin du XIXème siècle, celles d’une « contagion » ou d’une « imitation » pour expliquer la transmission instantanée de l’émotion chez tous les individus d’une foule ne sont plus nécessaires

La raison n’est plus là pour inhiber -ce qu’elle fait ordinairement- et l’émotion submerge donc chaque individu sans contrôle

Un discours aux images fortes peur provoquer un tel enthousiasme dans une foule que l’exaltation peut même la mener, comme le fit la noblesse la nuit du 4 août, à agir à l'encontre de ses intérêts .

Ce qui était vrai en 1895 l’est encore plus aujourd’hui car, à son théorème initial Le Bon, passionné de lumière noire et ondes hertziennes, va ajouter que la foule au sens psychologique du terme n'est pas « n'importe quelle réunion d'hommes proches les uns des autres » - sens ordinaire du terme- mais qu’elle peut aussi être un groupe humain pas forcément réuni physiquement qui est soumis au même moment au même choc émotif dû a une annonce, a un discours, à des images. Le public, en somme

D’où le rôle central du cinéma – voir les films de propagande utilisés par les nazis comme par les bolcheviques -, de la radio, puis de la télévision, des vidéos

Dans le cas d’un fait annoncé sur toutes les chaines et sur les réseaux sociaux au même moment, l 'émotion va envahir nombre d’individus disséminés sur toute la planète qui du coup vont constituer une « foule » au sens psychologique

Ce fut le cas avec les musulmans choqués par les « caricatures ».

L'éclipse du néo cortex sous le flot d’émotion se produit donc même à distance générant manifs, drapeaux, livres et mannequins brulés, voire crimes - dont celui de l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo .


Le troisième théorème « La foule a besoin d’un maître. »


Mise en exergue de Psychologie des foules, cet autre axiome lebonnien est largement corroboré par l’Histoire.

Pour que la foule soit l’instrument efficace de la révolution il faut des meneurs décidés à en finir avec le régime. Lénine ou Khomeini revenant chacun d’exil dans leur pays en sont des exemples frappants

Sinon, on en reste à une révolte. Comme avec les gilets jaunes. Comme en mai 68. Notons néanmoins que les violences des foules modifient parfois avec un effet retard le régime politique Dès l’année suivant Mai 68 eut lieu le retrait de Charles De Gaulle et, à terme, quatorze ans après, la victoire de son rival de l’époque, François Mitterrand, qui sut capitaliser sur la révolte pour faire dès 1972 une union des gauches en un parti qui lui permettra de conquérir le pouvoir neuf ans après. La foule n’est pas alors proprement révolutionnaire mais prémisse et symptôme d’un changement de pouvoir à venir

Il faut aussi que ce maitre, ce chef, soit décidé à se servir de l’état de choc provoqué par un évènement pour justifier sa politique. Ainsi fit Georges Bush avec sa croisade contre l’Islamisme après les attentats du 11 septembre, exemple type de choc ayant touché tout le monde autour de la planète, chacun se souvenant précisément en général de ce qu’il faisait au moment où il a entendu l’information. De manière générale, un meneur utilisera des informations pour en faire des slogans scandés par la foule

La permanence des slogans à succès d’une révolution à l’autre est frappante.

Pour dénoncer le mépris de l’élite dirigeante envers le peuple,

au fameux « s’ils n’ont pas de pain qu’il mange de la brioche » pourrait correspondre aujourd’hui le « s’ils n’ont pas assez de chauffage qu’ils mettent des pull-overs » ou « pour trouver un travail il n’y a qu’a traverser la rue »

Pour dénoncer une atteinte a la souveraineté du peuple le rejet violent du « 49.3 », inscrit dans la constitution de 1958 peut être comparé à la révolte contre le veto royal inscrit dans la constitution de 1791 qu’on retrouve dans la plus célèbre des chansons hostiles à la reine Marie Antoinette » « Madame veto avait promis, madame veto avait promis de faire égorger tout Paris. Mais son plan a échoué, grâce à nos canonniers Dansons la Carmagnole .. »



Quel homme politique est Emmanuel Macron ?


« Il est nécessaire pour l’homme d’État de connaitre la psychologie des foules pour, s’il ne peut la dominer, du moins ne pas se laisser dominer par elles » écrit Gustave Le Bon.

Ne pas combattre la foule populaire déchaînée fut la solution de Louis XVI. Ne pas l’écouter, et faire malgré elle des réformes qu’elle refusait, fut la réponse du Shah d’Iran. L’un et l’autre perdirent la partie

Emmanuel Macron, lui, se bat en en réalité vigoureusement, utilisant plusieurs armes :


  • La répression .

Dès la première manifestation des gilets jaunes une jeune manifestante faisant partie d’un groupe nassé par la police qui empêchait ainsi toute sortie de la manifestation, a perdu un œil et a eu la mâchoire et le maxillaire fracassés par un tir de « LBD » . D’autres ont eu la main arrachée par une grenade, d’autres … la violence de la répression a été constante et ne semble pas marquer le pas.


  • Le discrédit

Emmanuel Macron lors de cette interview du 22 mars a diabolisé la foule aux yeux de l’opinion en la comparant aux partisans de Trump envahissant le Capitole ou à ceux de Bolsonaro protestant dans la rue contre un résultat d’élections « truquées », tous deux leaders politiques " de droite ", alors même que ce sont les drapeaux de la CGT qui ces derniers temps dans les manifestations couvraient tout Paris de rouge !

Présumés d’ « extrême droite » les complotistes, les antivax, les euro et climatosceptiques se retrouvent ainsi enfermés dans ce que Macron n’hésitera pas à qualifier de « peste » .

Ces gens, comme l’a dit le préfet Lallement en s’adressant a une manifestante place d’Italie ne sont « pas du même camp » que le pouvoir en place qui, d’arbitre qu’il devrait être, est devenu lui-même militant. Et qui tend a faire admettre que puisqu’ils ne sont pas du bon camp, leur répression est légitime et les mutilations méritées...


  • La propagande

« La foule pense par images » écrit Le Bon .

Le discours politique adapté à la foule doit être simple, et imagé.

Théâtralisé même.

Le Bon mourra en 1931, trop tôt pour connaitre les grand messes hitlériennes, mais Hitler sera l’incarnation de cette théâtralisation à usage de foules. Les images d’archives parlent d’elles même. Quand il veut inciter la foule à la revanche de l’Allemagne sur les vainqueur de la guerre de 14 qui l’ont humiliée il a le sourcils froncé, l’œil noir, la moustache tremblante, le cheveu en bataille Il tonne, il roule les « r », il fulmine, il hurle.

Tout en lui exprime l'exaspération. Il ne fait pas semblant : Il est Rienzi qui va délivrer Rome en flammes ! La foule est de ce fait en totale osmose avec lui, aussi exaspérée que lui .

Et quand sa main tendue montre l'ennemi et dit comment en triompher,il peut être sur que l'enthousiasme de la foule sera totale !

Cette empathie avec le chef est la clé de la faculté de la foule a passer de la passivité a l’action. Elle est « éminemment suggestible » écrit Le Bon, et obéit au chef comme le patient à l’hypnotiseur.

Propre sur lui, calme, posé, bien coiffé, habillé en civil à la dernière mode, Emmanuel Macron semble tout le contraire du dictateur en habit militaire, excité et tonitruant

Et pourtant …Il pratique à sa manière, et avec plein succès jusqu’ici la désignation de l’ennemi.


  • La désignation de l’ennemi

Il a désigné un adversaire désormais de poids, le Front National, en hurlant pendant la campagne présidentielle « Non, pas ça , pas ça pas ça … » et fait de sa visite à Oradour-sur-Glane une leçon de pédagogie citoyenne : Marine c’est Le Pen, et Le Pen, c’est les nazis . Le fait que Le Pen ait eu 11 ans en 1940 est totalement occulté. C’est l’image qui compte. Donc la victoire de Marine le Pen ferait de la France un Oradour-sur-Glane géant.

Parallèlement il tue un autre adversaire de taille, favori de la droite, François Fillon, en se servant d’une institution, le PNF, Justice spécialisée dans la traque des délinquants en col blanc créée par une ex-ministre d’extrême gauche, Madame Taubira.

Une fois l’élection de 2017 gagnée, le rôle du chef désignant l’ennemi et pouvant seul en délivrer le peuple resservira face à la montée en force des « Gilets Jaunes ». Bien heureuse pandémie ! Macron proclame en 2020 : « nous sommes en guerre » et prend contre le Covid19 des mesures privatives de liberté qui vont inévitablement faire surgir l’ennemi, le complotiste, le populiste qu’il va désigner comme « la peste » à la vindicte populaire. Le vaccin est son arme fatale. Lui seul « sauve des vies ».

Le médecin qui prétend que l'hydroxychloroquine soigne sera atomisé par un article du Lancet puis déclaré charlatan et finalement traduit en justice. La généticienne qui dénoncera les dangers et effets secondaires potentiels graves d’un vaccin encore en période d’essai et sans autorisation de mise sur le marché (AMM) sera déclarée folle et incompétente. La répression des soignants non vaccinés sera cruelle, et inédite.

En 2022, l’élection se rapprochant et il fallut jouer ce rôle de sauveur d’une manière plus forte encore.

L’ennemi est là cette fois en chair et en os : Poutine a envahi l'Ukraine Faire le lien, répété en boucle par tous les journalistes complaisants, entre cet ennemi providentiel et ses propres opposants politiques sera un jeu d’enfant Comme Fillon naguère, Marine Le Pen et bien sûr Zemmour sont des traitres !

Contre eux tous et leurs soutiens la « reductio ad Poutinum » sera exhibée en permanence.


  • La diversion

Le Bon compare la foule à un enfant : "Il ne sert a rien de lui arracher son jouet ce qui provoquera un immense drame. Il faut seulement détourner son attention du premier jouet en lui en proposant un second". Affirmation appuyée sur un exemple vécu durant la guerre de 1870 quand les Allemands étaient aux portes de Paris. Le Bon, âgé de 29 ans, voyant une foule hurlante attroupée devant un immeuble comprit que l’ homme sous les fenêtres duquel une foule criait " à mort " était considéré comme un traitre car « il faisait des signaux aux Allemands avec une bougie », désobéissant ainsi au couvre-feu.

C’était évidemment impossible : la butte du Mont Valérien, à Suresnes, était bien trop loin de cet immeuble du centre de Paris pour que les Allemands qui l’occupaient puissent voir ce signal supposé. Le Bon tenta en vain d’en convaincre les organisateurs.

L’homme fut sauvé car un agitateur arriva et cria " Tous à l'Hôtel de Ville ! » Nul ne savait pourquoi, mais tout le monde y alla …

De même lorsqu’un scandale menace, par exemple la décision de Marlène Schiappa de se mettre en ménage avec le dirigeant d’un organisme qui la ferait tomber sous le coup d’un conflit d’intérêt, on lui permet discrètement de rester en place moyennant quelques arrangements juridiques, mais en revanche elle va poser en couverture de Paris Match, ce qui va détourner l’attention des opposants qui se répandront alors sur les réseaux sociaux en blagues de salles de garde.


Macron sera-t-il emporté par la foule ?


Il peut y avoir une brusque accélération de l’Histoire qui donnerait à la foule qui gronde la possibilité de destituer le Président de la France.

Mais pour l’heure, ce n’est pas l’hypothèse la plus probable .

Car le discours modeste et lénifiant de Macron lors de son interview -« Nous continuons le processus démocratique » - cache un politique sans scrupules qui mène lui-même ou en sous-main, un âpre combat .

Tous les procédés ont été utilisés pour faire voter le texte sur les retraites malgré une majorité de députés hostiles, puis pour empêcher le vote de la censure, y compris l’envoi de fausses alertes à la maladie de leur enfant auprès de députées hostiles au texte afin qu’elles ne viennent pas voter …

Ce n’est pas lui, bien sûr, mais …

On comprend combien il s’est impliqué lui-même dans ce combat lorsque le journaliste qui interviewe Macron lui fait remarquer « il ne s’en est fallu que de neuf voix que la censure soit votée ». Car Macron, qui connait l’histoire constitutionnelle, lui rétorque mezzo voce : « oui, mais dans une République qui, elle, n’a été votée qu’à une voix près… »

Gagner, même d’une voix, c’est tout ce qui comptait. Mission accomplie

Élu du peuple il est accroché à son poste. Il sait que les députés le sont aussi. Donc il tiendra bon, aussi longtemps qu’il le pourra.

Par la répression violente, légitimée par une violence croissante des manifestants qui n’est peut- être pas fortuite, et qu’il exaspère/exacerbe par son mépris.

Et par la séduction vis-à-vis de ceux que son discours vertueux et ses incontestables bonnes actions - excellent contact avec les autistes au Papotin, politique d’aide mise en place ces jours-ci - , distraient de la politique sociétale déjantée, de la politique étrangère vassalisée, et des brimades sans fin soi disant nécessitées par « le climat » : la submersion migratoire incontrôlée et son cortège de crimes quasi quotidiens, la ruine des millions de gens dont la propriété, devenue « passoire thermique » n’est plus louable aujourd’hui, plus vendable demain, et dont la voiture doit être neuve car électrique sous peine de ne plus pouvoir entrer ni stationner dans les villes ….

Même les inculpations de ministres ou de proches du Président, même les désastres de la politique « anti Covid » qui sont en train d’être mis à jour ne suffisent pas, pour le citoyen qui a, avant tout, besoin d’espoir, à disqualifier le chef que 28% s’obstinent à défendre. Or 28%, dans un pays ou l’abstention est en moyenne à 50%, ça fait une majorité.


Bien sûr, cette foule déchainée est impressionnante. Mais faute d’un chef auréolé de prestige qui s’en servirait comme de l’arme suprême qu’elle constitue pour renverser le régime politique, elle ne réussit pas, pour l’heure, à couvrir le chant lénifiant du « il fait ce qu’il peut, la conjoncture est difficile » bredouillé par un peuple lassé et apeuré, qui tremble a l’idée de perdre, s’il y a une insurrection, plus encore qu’il n’a perdu depuis trois ans.

Et, bien sûr, Emmanuel Macron pour achever de les convaincre, joue d’une arme toujours sous-estimée : son pouvoir de séduction.

Il se montre drôle et amical envers la presse, et le monde de la « Culture » en général : les artistes de variété, écrivains, cinéastes, acteurs, largement subventionnés et toujours prompts a rallier le Puissant dont les faveurs apportent la notoriété. Le fait qu’un Bern ou un Lucchini, ou même un Sardou, aimés du peuple, lui fassent les yeux doux n’est pas sans conséquence.

Pour mener la foule là où elle ne pourra plus nuire, pour la détourner du carnage qu’elle s’apprêtait à commettre, faire entendre une suave mélodie peut-être déterminant. Tous les joueurs de flûte le savent …


Catherine ROUVIER


Catherine Rouvier, docteur d’État en Droit public, Maître de Conférences des universités, avocat, auteur de :

  • Les idées politiques de Gustave Le Bon ou la mesure de l'irrationnel en politique, PUF, 1986, prix Fabien de morale et de sociologie de l’Académie Française.

  • Sociologie politique paru chez Lexis Nexis, collection objectif droit (6 éditions de 1991 a 2006).

  • Gustave Le Bon Clés et enjeux de la psychologie des foules, 2012, Éditions Terramare.

  • Psychologie politique, cours dispensé a l'IPC Paris de 2018 a 2021, à paraître.



Photo AFP Alain Jocard, manifestation du 19 janvier 2023 à Paris.



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